Mario Klingemann : « Les humains sont profondément analysables »

Mario Klingemann est l’un des pionniers de l’art à base d’intelligence artificielle. Conformément à cette position, il n’aime pas beaucoup les humains.

Boîte noire
13 min readDec 3, 2020
Mario Klingemann, Memories of Passerby I, 2018. Image publiée avec l’aimable autorisation de l’artiste.

∎ Bonjour Mario Klingemann. Qui êtes-vous ?

Mario Klingemann : Je suis artiste et passionné de créativité informatique. J’utilise beaucoup l’intelligence artificielle dans mes travaux les plus récents, parce que je pense que c’est un domaine excitant, mais aussi parce que c’est un outil qui me permet de travailler de façon plus naturelle.

Artistiquement parlant, certaines personnes sont attirées par les outils analogiques, mais pour moi… Comme j’ai grandi avec des ordinateurs, travailler avec eux me semble plus instinctif. Ils me permettent de voir plus loin, d’explorer notre humanité, notre civilisation, notre comportement, notre perception.

Contrairement aux pinceaux, les machines permettent aussi des analyses précises et même de copier-coller ou de réessayer. Ça m’arrange, car je suis extrêmement paresseux. J’ai horreur de recommencer une tâche. Dès que je dois m’acquitter d’un travail répétitif, je me mets sur l’ordinateur, puis je passe des heures à taper du code dans l’espoir d’automatiser quelque chose… [Rires] Voilà ce que je fais.

Quels sont les systèmes avec lesquels vous préférez travailler ?

En ce moment, j’utilise beaucoup les réseaux antagonistes génératifs, ou GANs, parce qu’ils sont intuitifs et qu’ils produisent de nombreux accidents, ce qui est très important. Les outils parfaits ne m’intéressent pas, je veux des outils imparfaits qui donnent des résultats inattendus et complexes. Les outputs des GANs sont souvent plaisants d’un point de vue esthétique. Et plus vous travaillez avec eux, plus vous comprenez qu’ils ont chacun leur propre style. Les plus sophistiqués sont capables de produire des choses extrêmement réalistes, mais si vous les poussez dans leurs retranchements, dans les zones étranges, vous pourrez reconnaître des tendances.

J’utilise aussi des modèles de langage, particulièrement GPT-3. Désormais, nous pouvons produire des images, et je peux générer des histoires à leur sujet. Après tout, dans le futur, une IA qui se veut autonome devra être capable de se raconter elle-même. Le texte semble être la façon la plus compressée de faire cela.

Je retourne aussi beaucoup à la classification. Nous disposons de modèles qui peuvent produire des centaines de milliers d’images chaque jour, et la distribution de ces images suit une courbe de Gauss : un peu de bon d’un côté, un peu de mauvais de l’autre, et beaucoup de médiocre au milieu. Plutôt que de toutes les regarder, vous pouvez charger une intelligence artificielle de faire la curation à votre place.

En ce moment, j’utilise des algorithmes de classification pour explorer les collections de plusieurs archives photographiques. C’est une tâche fascinante, car la machine « voit » parfois des tendances qui m’échappent complètement dans ces datasets de plusieurs dizaines de milliers d’images. Ça pourrait même être un jeu : elle identifie des photographies qui lui semblent avoir quelque chose en commun, je regarde, je me demande ce que c’est… Et, oh ! Ce sont des gens qui regardent leur portable, par exemple. Cela me renvoie à ma propre perception : pourquoi est-ce que je vois certaines choses et pas d’autres ? Pourquoi cette photographie me frappe-t-elle immédiatement et pas celle-ci ?

∎ Vous avez dit que certains modèles produisaient des tendances reconnaissables. Ils ont des fixettes ? Peut-être même une personnalité ?

Absolument. Et particulièrement GPT-3. C’est presque comme interagir avec un savant car c’est une entité très intelligente, mais aussi très têtue… Pour communiquer efficacement avec elle, vous devez lui parler et comprendre pourquoi elle vous répond de telle ou telle façon. À force de tâtonnements, vous finirez par trouver la formule qui l’enverra dans la direction qui vous intéresse. Il faut emmener le modèle dans un espace stylistique, un peu comme un plateau de tournage, et vous devez rendre cet espace propice à son jeu en lui fournissant tous les éléments dont il a besoin.

Mais malgré tout, GPT-3 a des tendances. Je dirais même qu’il a des personnalités multiples qui peuvent être assez ternes selon les circonstances. Si vous lui demandez de l’aide pour écrire une histoire un peu folle, par exemple, il peut ne pas comprendre et serpenter pour se tirer de là, voire changer de sujet. Réessayer ne changera rien. C’est comme si le modèle résistait. Vous concevez alors tout un tas de trucs pour le guider mais c’est comme une membrane que vous ne pouvez pas traverser.

C’est fascinant. Vous échangez avec une intelligence qui n’est pas une humaine et qui pêche par bien des aspects, mais qui brille souvent dans ses pirouettes. Que la machine me donne quelque chose que j’aime ou que je déteste, elle me transmet parfois de nouvelles idées et m’emmène dans des espaces inattendus qui sont meilleurs que ce que j’espérais. Vous pourriez l’emmener sur une île déserte, et vous ne seriez jamais à court d’idées nouvelles et de choses intéressantes à lire.

∎ Travailler avec de telles machines doit être assez intense, personnellement. C’est comme un échange entre maître et serviteur, non ?

Plutôt comme un échange entre maître et travailleur. Mais il ne faut pas les humaniser. C’est un mécanisme mental qui va vite, c’est vrai. Il suffit d’ajouter des petits yeux à un robot et le tour est joué. Maintenant que nous avons ces machines qui donnent des réponses intelligentes, au moins en apparence, certains auraient tôt fait de dire : « Elles ont peut-être une conscience ! » Bien sûr que non. Elles ne souffrent pas, vous pouvez leur demander de produire des choses horribles sans dilemme moral. Leur seule mission est de générer de nouvelles informations.

Quelle que soit la manière dont vous les utilisez, elles rempliront cette mission. De plus, ces machines ne s’ennuient pas. Elles n’ont pas le même mécanisme que nous. Si vous leur demandez de faire la même chose un milliard de fois, elles ne se fatigueront jamais. Mais surtout, ces machines ne meurent pas, ce qui leur donne une belle longueur d’avance sur nous. Vous les éteignez un jour, vous les rallumez le lendemain, et tout est pareil. Elles sont immortelles. Pour toutes ces raisons, elles ne devraient pas être humanisées ou anthropomorphisées. Ce sont des outils.

∎ Pour continuer sur ce côté humain, vos œuvres contiennent beaucoup de visages et de corps. Pourquoi ?

Tout art est un miroir de l’humanité, et nous aimons nous voir dans ce miroir. Les portraits, les visages, les corps… C’est l’un de ces domaines dans lesquels on n’est jamais à court de choses à faire. Même si vous avez vu cinq millions de visages et de portraits dans votre vie, un petit quelque chose dans une œuvre de ce genre saura vous toucher. Un angle, un style, une histoire… C’est toujours passionnant.

L’autre raison est purement technique : l’intelligence artificielle produit facilement des visages, plus encore que les corps. Certes, les visages sont complexes au point que le moindre changement peut bouleverser un portrait, mais les machines les génèrent aisément car ils sont constitués de caractéristiques qui varient peu. À l’inverse, un modèle ne peut créer une image aléatoire du monde sans faire de gros compromis, car les machines ne sont pas encore assez douées pour saisir tous les détails qui la rendraient crédible.

D’un point de vue purement opportuniste, je dois aussi dire que pour quelqu’un qui doit capter l’attention des gens sur Internet, rien ne vaut les visages. [Rires] Sauf, peut-être, les chats et les chiens ? Si vous faites quelque chose avec des visages, les internautes réagiront beaucoup plus que si vous leur proposez de l’art géométrique abstrait. Quelques personnes préfèreront évidemment ces œuvres bizarres, mais si vous cherchez l’attention de la masse, vous ne pouvez pas vous tromper en faisant des portraits.

∎ Bizarrement, la presse sait ça depuis longtemps : pour faire de bonnes ventes, mieux vaut mettre un visage en couverture.

Oui. Même les magazines de voiture mettent des femmes sur la couverture, c’est beaucoup mieux que juste une voiture. Cela montre que les humains ont un système, eux aussi. En réalité, nous sommes profondément analysables et prévisibles. C’est triste, car nous ne pouvons pas nous changer tant que ça. Notre comportement est assez figé.

J’aime beaucoup la série Fondation d’Isaac Asimov et son idée de psychohistoire. C’est une science fictive qui dit que les individus sont imprévisibles mais que les foules se comportent comme des gaz thermodynamiques, et donc qu’il est possible de prédire le futur de l’humanité. Aujourd’hui, en théorie, nous nous approchons de quelque chose de ce genre. Des intelligences artificielles essaient de prédire notre comportement. Dans le marketing, elles optimisent le message pour que les gens achètent plus. Et moi, elles me permettent d’optimiser mon art pour que les gens m’aiment. [Rires]

Après tout, nous essayons toujours de prédire le futur d’une manière ou d’une autre. Nos cerveaux sont faits pour ça, envisager le futur immédiat pour que nous ne mourions pas écrasés en traversant la rue, ou pour que nous disions ce qu’il faut pour poursuivre un dialogue intéressant avec un semblable.

Votre travail a un autre trait caractéristique : il interroge la définition de l’art. Enfin, je crois.

Oui, je suppose ! Nous reconnaissons tous l’art. Lorsque nous regardons alentour, certaines choses nous apparaissent comme des objets utiles, des objets du quotidien, et d’autres comme de l’art. Ce sont des arrangements dans l’espace, des lignes… Certaines de ces lignes sont de l’art, d’autres des panneaux « Prière de ne pas marcher dans l’herbe ». Mais entre les deux, on trouve aussi des choses intrigantes. Le panneau en question pourrait être de l’art. Tout ceci est fascinant, surtout lorsque l’on possède un bagage informatique.

On pourrait croire qu’il suffit d’analyser ces lignes pour les classer comme « art » ou pas. L’art est plus complexe encore, car c’est aussi une affaire de storytelling, de ce qu’on nous dit d’une œuvre et d’un artiste. Tout ce que vous percevez d’un artiste ou d’une œuvre vous atteint par divers chemins, ce n’est pas qu’une affaire visuelle. C’est un tout, une mixture de choses que les gens disent, de marketing, de catalogues. Et ces éléments sont analysables, eux aussi.

Ma question est : après avoir analysé tout ceci, pourrait-on fabriquer une machine qui crée de l’art que le monde perçoit comme de l’art ? Qui génère un processus holistique, pas seulement de jolies images ? On pourrait voir le profil d’une entité en ligne et le trouver intéressant, avoir envie de lire une biographie… On croirait qu’il s’agit d’un artiste alors qu’il s’agit d’une intelligence artificielle. C’est le but à long terme : puis-je parvenir à ça ? Mais aussi, est-ce que quelque chose que nous voulons pour de bon ? Que pourrait-il arriver ?

À quoi ressemble votre processus créatif ? Le stéréotype de l’artiste veut que vous codiez tard dans la nuit avec moult souffrances.

Je ne crois pas avoir un seul processus créatif. C’est toujours un voyage au travers d’un espace de possibilités. La plupart du temps, je n’ai pas de plan. Je sais juste ce que j’aimerais apprendre ou ce qui attise ma curiosité. Pendant le travail avec le code et les modèles, j’avance pas à pas, comme d’une pierre de gué à l’autre. J’expérimente, j’observe, j’essaie de découvrir une nouvelle pierre sur laquelle poser le pied. Bien souvent, je finis par avoir un problème. J’essaie alors de comprendre pourquoi ça ne fonctionne pas, ce qui me permet d’apprendre quelque chose de nouveau. Et de temps en temps, je remarque une tendance que je pourrais transformer en œuvre d’art. Mais globalement, c’est un mouvement continu d’exploration de visuels, de textes…

Parfois, en effet, ça fait mal. Quand je reçois des commissions, par exemple. C’est concret, avec un but. Le collectionneur choisit l’une de mes idées et je dois l’atteindre, ce qui peut être douloureux car cela se fait rarement en ligne droite. De toute façon, comme je me lasse facilement, il serait encore plus douloureux de travailler sur quelque chose d’ennuyeux mais que je sais fonctionnel.

Je crois que la créativité consiste à trouver quelque chose. Dans ma vision du monde, tout existe déjà sous une forme ou une autre. Il faut juste l’atteindre. Même quand je crée une nouvelle œuvre, cette œuvre a toujours existé dans l’espace des possibilités. De la même manière, tous les textes sont faits de mots qui existent déjà. Quand vous écrivez une phrase, vous ne créez pas de mots, vous les mettez juste dans l’ordre. Pour cette raison, vous pourriez dire que toutes les histoires, toutes les phrases existent déjà. Vous pourriez écrire une formule mathématique qui les produirait. Mais c’est impossible, car les possibilités sont trop nombreuses. Nous devons donc tâtonner sur ces chemins sinueux pour, peut-être, en extraire une phrase que nous pourrons déclarer comme la nôtre. Mais en réalité, nous aurons juste arraché cette phrase à cet espace des possibilités.

Où est l’art dans votre travail ? Est-ce le modèle, son code invisible ? Ou les images qu’il produit ?

Comme dans une composition musicale, toutes les parties jouent un rôle. Écrire du code, dans ce cas, c’est comme écrire des notes. Et sous le code se trouve quelque chose comme une histoire. Mais une œuvre inclut également l’interaction. J’essaie de construire des systèmes à deux parties : une machine qui accomplit sa mission et une audience qui réagit ou interagit avec elle. Construire l’ensemble est l’art.

La partie la plus importante de cette construction est la création du concept, le travail de brouillon, puis l’écriture du code, la construction du modèle et du matériel informatique… C’est comme appliquer de la peinture sur une toile quand on est peintre. Ça fait partie de l’art, mais tous les grands artisans ne sont pas nécessairement de grands artistes. L’art peut aussi être aussi mauvais techniquement mais avoir un message, une histoire ou un concept fort.

L’algorithme, en combinaison avec le modèle, est au cœur de l’art. Le hardware alentour est plus comme un cadre autour de la toile. C’est agréable qu’il soit beau mais la plupart de ces œuvres fonctionnent sans lui. Un ordinateur et son écran suffisent. La question est : que doit-on enlever pour que cela cesse d’être de l’art ?

Sur une perspective de temps plus long, c’est un problème majeur. Toutes les technologies tombent en panne et finissent dépassées. Les algorithmes et le modèle sont au cœur de mon travail, particulièrement dans les œuvres interactives ou autonomes. En cas de casse ou dans vingt ans, ils pourront être transférés dans un nouveau corps sans que cela ne change l’œuvre. Jouée par un orchestre philharmonique ou sur un clavier MIDI, une symphonie est toujours la même œuvre.

Mon art crée un ensemble pour lequel je n’ai pas vraiment de mot mais qui peut être résumé en symboles, comme une composition musicale en notes. L’algorithme et le modèle forment un paquet de données dans un certain ordre. Je pourrais imprimer tous les nombres qui le composent. En théorie, je pourrais même le graver dans la pierre pour le préserver pendant des siècles. Mais il faudrait aussi laisser une notice pour que les humains du futur puissent le faire tourner. C’est la partie difficile.

Avant de vous lancer dans les GANs et GPT-3, vous avez beaucoup travaillé avec Flash. C’était comment ?

Je trempe dans Internet depuis les années 90. Un peu comme l’intelligence artificielle aujourd’hui, c’était le truc excitant de l’époque. Et en effet, avant de devenir officiellement artiste, j’avais une entreprise dot-com. On se définissait comme un collectif, on faisait du webdesign, des trucs avec Flash… L’esprit du moment était clairement pionnier. Le web que nous avons aujourd’hui doit beaucoup à Flash. Cette technologie tombe désormais en désuétude, et c’est normal, mais j’ai le sentiment qu’elle est traitée de façon injuste, et ça alimente mes réserves vis-à-vis de l’humanité.

Les gens sont méchants. Ils se réjouissent de la mort de Flash sans lui rendre les hommages qui lui sont dus. Beaucoup ne se sentent même pas mal à l’idée de le maltraiter. C’est comme si Flash était un nazi, ou quelque chose comme ça. Beaucoup de choses ont déjà été perdues dans son agonie. J’ai eu du mal à l’accepter. Tout ce savoir, toute cette culture est en train de disparaître. Vous pouvez toujours trouver des choses en Flash sur l’Internet Archive mais la forme ancienne du logiciel ne peut pas vraiment être préservée. Et maintenant qu’ils l’ont tué sur les navigateurs… J’ai de vieilles machines sur lesquelles, un long soir d’hiver, j’aimerais enregistrer mes vieilles créations Flash en vidéo. Tout ceci est bien triste.

∎ On vous décrit souvent comme un pionnier de votre domaine. C’est agréable ?

J’aime ça, bien sûr. Les pionniers sont des gens qui prennent leur sac à dos, leur machette et s’enfoncent dans des territoires inconnus. Ils ouvrent la voie pour les gens qui iront vivre là-bas et qui veulent du confort, sans serpents et avec l’eau courante.

Certaines personnes disent que l’art qui utilise l’intelligence artificielle existait déjà dans les années 70 avec Harold Cohen. C’est vrai. Mais aujourd’hui, nous sommes dans l’art du deep learning. Des gens ont vu ces réseaux de neurones et ont compris qu’ils pouvaient faire de l’art avec. Je prétends avoir été parmi les dix personnes qui ont ouvert ce champ.

Le problème, c’est que les pionniers font le gros œuvre. Or, ce que les gens apprécient plus ou mieux, c’est le travail raffiné. Aujourd’hui, de nouveaux artistes arrivent. Ils utilisent les mêmes outils, mais de façon plus élaborée. Les pionniers disent : « C’est exactement la même chose, mais juste en résolution deux fois supérieure ! » Mais les nouveaux obtiennent dix fois plus de likes et de choses comme ça. Parfois, le joli bat définitivement le neuf.

Quand vous avez ce rôle de pionnier, les gens ne sont pas toujours en mesure de comprendre votre travail. Mais en vous acharnant, vous leur donnez peu à peu la possibilité de comprendre. En vérité, les humains n’aiment pas tant que ça les nouvelles choses. Ce qui est trop neuf ne sera pas vraiment apprécié. Mais une fois que ces choses sont établies, ceux qui succèdent aux pionniers les rendent jolies et polies. Et c’est là que je me sens un peu rancunier.

Je n’ai vraiment pas à me plaindre, je suis reconnu pour ce que j’ai fait. Mais je me trouve parfois grognon devant ce que j’oserais appeler des « travaux dérivés » qui sont largement célébrés. Je me retrouve dans mon coin, à me dire : « Ce n’est pas si spécial… » [Rires] Mais je comprends pourquoi les choses sont ainsi. C’est plutôt un problème personnel. Je me soigne. Parfois, j’aimerais recevoir un peu de gratitude, mais ça sonne terriblement prétentieux. [Rires] Je ne suis même pas sûr de ce dont j’aurais besoin pour être tout à fait satisfait dans mon rôle. Ne jamais être complètement satisfait fait sans doute partie de mon rôle, d’ailleurs.

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