Un capitaine artificiel en solitaire

Le Mayflower Autonomous Ship doit traverser l’Atlantique sans équipage. Sa première tentative a mal fini.

Boîte noire
3 min readJul 7, 2021

C’est quoi ? Le Mayflower Autonomous Ship ou MAS400 est un trimaran autonome développé par le géant de l’informatique (et de la communication échevelée) IBM et ProMare, une organisation non-gouvernementale spécialisée dans l’exploration marine. Le MAS tire son nom du Mayflower, le trois-mâts marchand à bord duquel les premiers colons anglais atteignirent les rivages du Nouveau Monde en 1620 après deux longs mois de navigation. Mais contrairement à cet ancêtre mythique, le MAS400 devra accomplir son voyage transatlantique « sans capitaine ni équipage ».

Comment ça marche ? Grâce au machine learning, évidemment. Le Mayflower Autonomous Ship embarque une cinquantaine de « capteurs » et six « caméras intelligentes » disposés le long de sa coque de 15 mètres. Croisées aux cartes maritimes et aux derniers rapports météorologiques, les informations « sensorielles » récoltées par ces équipements permettent au MAS400 de prendre des décisions de navigation en temps réel sans assistance humaine. Les ordinateurs qui font tourner ce système sobrement intitulé « Capitaine IA » sont alimentés par des batteries et des panneaux solaires.

Quel est le but ? Le Mayflower est une initiative à la fois marketing et scientifique. Sa mission principale consiste à relier Plymouth (Angleterre) à Plymouth (Massachusetts) en trois semaines sans la moindre assistance humaine. En cas de succès, IBM pourra frimer un peu auprès des experts du machine learning, un domaine dans lequel sa réputation est peu enviable. (Le site officiel du MAS400 ne manque jamais de signaler que tel ordinateur ou tel logiciel a été développé par IBM.) Cependant, le Mayflower doit aussi réaliser diverses expériences sur les populations des animaux marins, les effets du réchauffement climatique, les microplastiques et les vagues.

Ça se passe bien ? Pas vraiment. Le Mayflower Autonomous Ship devait accomplir sa traversée en 2020, exactement quatre siècles après les colons anglais. La pandémie a bousculé ces plans. Le 15 juin dernier, après plusieurs années de travail et moult simulations, le MAS400 a finalement pris la mer aux environs de quatre heures du matin. Deux jours de navigation et 250 miles nautiques (sur 3500) plus tard, le vaisseau autonome a rencontré un « problème mécanique mineur » suffisamment grave pour que ProMare décide de lui faire faire demi-tour. Malheureusement, le MAS400 n’a pas été capable de retourner à bon port par ses propres moyens. Une équipe de sauvetage l’a atteint le 21 juin dernier.

Et maintenant ? Bonne question. IBM et ProMare sont restés muets sur la nature et les causes du fameux « problème mécanique mineur » qui a mis un terme à la première sortie du MAS400. On sait néanmoins que le navire a difficilement dépassé les trois nœuds (environ 7 km/h, à peine plus que le Mayflower original) pendant ses deux jours de voyage et que ses opérateurs ont décidé de désactiver ses systèmes non-essentiels après l’avarie pour économiser de l’énergie. Quelque chose nous dit que le souci technique du Mayflower Autonomous Ship était un peu plus problématique qu’annoncé dans les communiqués. IBM et ProMare sont restés silencieux depuis. La date du prochain voyage est encore inconnue.

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